jeudi, août 23, 2007

Mon Bébert


Mon Bébert,

J'apprends que tu as encore été victime d'un vilain qui a osé te railler : un musicien qui voulait faire de la satire au pays de l'opérette, là où seule la futilité de l'apparat s'affiche avec sérieux.

C'est vrai, mon Bébert, le monde est méchant : la presse qui n'est pas inféodée est méchante, le hasard des dessins d'enfants est méchant, l'histoire même est méchante. Tu rêvais d'un royaume au Paradis : te voici dans une principauté crapoteuse, artificielle comme une carte postale et sujette à moqueries.

Il est vrai qu'un satiriste encore davantage mal intentionné aurait pu glousser sur ton armée de soldats de plombs, sur ta police omniprésente, sur les opérations financières douteuses qui passent par Monaco, cet asile des mal-aimés des satiristes du monde entier. On ne rit pas des petites misères des illustres : que ces gueux se le tiennent pour dit. Et on ne caricature pas une famille qui n'a besoin de personne pour sombrer dans le ridicule : malgré leurs fautes de goût, on n'injurie pas ses fournisseurs en pitreries, vocalises idiotes et scandales de pacotille.

Enfin, si je peux t'écrire tout ceci, Mon Bébert, c'est parce que j'ai le bonheur de ne pas être monégasque et de vivre dans un pays où le ridicule ne tue plus : il paraît d'ailleurs que c'était la seule condition de survie de notre classe politique et dirigeante locale. Grâce à ton goût de l'opérette, je peux toujours continuer à adorer mon petit cirque local.

Je t'adresse mes compliments pour ton attitude : elle me rappelle qu'il est préférable d'être simplement un homme plutôt que de se prendre pour un prince.

Royalement tienne,

Ubu Premier



mercredi, août 22, 2007

Wampas Chirac en prison

Une petite vidéo (prémonitoire ?) pour fêter l'arrivée du Chi dans mes liens.
La version audio se trouve dans la boîte à musique.

Je n'ai malheureusement pas trouvé d'équivalent pour le nouveau président de nos amis français : à vous d'aller faire un petit tour sur cet excellent site satirique consacré au nouveau Napoléon-le-Petit.

Les disparitions.

Est-ce la fin de l'été, aux allures automnales, qui me pousse à faire un ménage de printemps dans mes liens ? Je n'aime pas me séparer de mes liens , surtout lorsque les auteurs de ces blogs abandonnés ou, pire, effacés, ne donnent plus de leurs nouvelles. Certes, les uns évoquent leurs raisons de leur départ tandis que les autres laissent planer le mystère, ou redouter le pire. Mais j'avoue que leurs pages oubliées me filent un sérieux coup de blues : je n'aime pas les disparitions dans mon alphabet intime.

Le plaisir de consulter leurs articles ou leur photos, je dois le conjuguer au passé. Tout ce qui m'émerveillait dans les photos de JLC s'est estompé dans les paysages virtuels de la mémoire. Les articles brefs et les illustrations de rêve de Maugus me revoyaient à la nostalgie de la clarté, alors que tant de blogueurs se gémissent dessus. Les coups de gueule, de grande classe, d'µbiquitous me laissaient pantois tandis que les chroniques acerbes d'Hariane me réjouissaient.

Avant de leur adresser mes adieux virtuels, je désire les remercier de tous les instants de plaisir qu'ils ont réussi à me procurer.

Et je ne souhaite des retrouvailles, tôt ou tard.

mardi, août 21, 2007

Le résumé

Les vacances commencent à s'estomper et l'insulaire libre que je prétends essayer de rester lorsque je me déconnecte de toute réalité va devoir bientôt revenir à l'assaut de tout ce qui l'exaspère.

Frère lecteur, tu peux considérer que j'ai mauvais caractère : c'est une caractéristique qui m'est communément reprochée, tout comme une certaine assimilation aux plantigrades en mal d'hibernation ou d'estivation, c'est selon. Cette dernière comparaison m'inquiète d'ailleurs, puisque les ours semblent être dans la ligne de mire du crétin viandard (pléonasme !) dont la vue a trop baissé pour encore dégommer la tourterelle.

Mais tout ceci n'explique pas l'illustration de Giger qui trône au-dessus de cet article. Ceci ne surprendra pas mes fidèles lecteurs qui, avec le temps, se sont habitués à mes fulgurantes digressions en un style abscons qui n'est pas sans rappeler le pilier de cabaret qui se prend pour la tour de Pise ou la logorrhée de l'ivrogne en pleine extase éthylique. Il me faut pourtant les rassurer, ainsi que celui qui au gré de la recherche d'un article intelligent aurait eu la malchance de tomber sur ce blog : je suis toujours autant moi-même, c'est-à-dire n'importe qui.

J'ignore s'il me sera encore possible de le rester dans notre époque qui se glorifie des étiquettes. C'est un peu comme si notre univers, appréhendé par les médias davantage que par le contact réel et profond, se glorifiait de ses résumés d'individu. Déjà, en leur temps, les théories d'organisation scientifique du travail glorifiaient l'homme-outil et rejoignaient les doctrines totalitaires dans leur utopie cauchemardesque d'un homme parfait. Et le glissement se faisait ainsi du travail, service collectif organisé selon le fordisme, le taylorisme ou encore le toyotisme, à la vie privée, soumise aux ordres d'un pouvoir central.

L'assentiment de la majorité était acquis - il faudrait d'ailleurs une autre chronique pour expliquer à quel point l'association d'individus d'intelligence moyenne engendre une majorité conne comme ses pieds - sans gros problème, au nom d'un prétendu bonheur collectif. Ne manquait qu'un consentement explicite et exemplaire ainsi que des victimes expiatoires qui donnent à leur sacrifice des allures de dévouements, tant elles collent au cynisme dévoyé d'une époque qui balance entre la mièvrerie apitoyée et l'admiration de la force, pour autant que cette dernière soit cantonnée au divertissement d'une émission de télé-réalité quelconque.

Ainsi, les ménagères de moins de cinquante ans ou les panels médiatiques se donnent une illusion d'activité alors qu'ils ne sont que fonctionnels. Ainsi, les manipulateurs à la petite semaine exhalent leurs attitudes nauséabondes en se prétendant les maîtres du jeu alors qu'ils ne sont que les dupes d'un miroir aux alouettes. Ainsi, le monde médiatique met-il en scène un univers factice, rassurant, tout en jouant sur un sentiment de peur sans cesse ressassé. Et le cours du téléspectateur de se voir canalisé entre divertissements glauques et faits divers tragiques : de déformation en déformation, nous en sommes parvenus à l'abrutissement de celui qui croit savoir parce qu'il confond le reflet lumineux de sa lucarne et la réalité contradictoire, nuancée de zones d'ombre.

Un résumé dénature toujours le texte dont il s'inspire : il ne peut en traduire la substance car il vise à la rapidité par la schématisation. Ceci explique d'ailleurs qu'il soit impossible de réellement résumer une oeuvre littéraire, à moins de dire plaisamment comme Woody Allen que Guerre et paix, ça parle de la Russie. Pourtant, notre époque prétend nous résumer, sous diverses étiquettes, et refuse notre complexité de même que la complexité de nos associations : elle prétend nous modeler selon ce dont elle éprouve le besoin. Et nous qui pensions vivre en un temps civilisé, nous cédons à cet asservissement de nos peurs, de nos haines, de nos angoisses, que nous espérons voir aseptisées parce que des professionnels de l'imposture nous les expriment de manière confortable.

Je rêverais presque d'être fou.

mercredi, août 08, 2007

Retour de saison


Ma période d'estivation serait-elle achevée ? Je n'en suis pas si sûr mais, comme les illusions finissent par se montrer plus crédibles qu'une quelconque réalité, je ferai semblant d'être revenu, avec la même incertitude que le soleil ci-dessus.

Certes, je n'étais pas très loin : je n'étais même pas dans un endroit insolite, perché en équilibre sur une accueillante falaise opportunément reléguée loin des catalogues touristiques. De même, je n'étais pas occupé à inventer quelque gadget génial ou à m'emberlificoter les neurones face à quelque panneau incongru. Non, j'étais simplement occupé à ne rien faire, si ce n'est à happer l'un ou l'autre film que la télé estivale consentait à diffuser, à bouquiner mollement étendu ou à me perdre dans les vertus curatives d'un silence relatif, entre autoroute et industrie métallurgique. Bref, je m'occupais à ne rien faire, ce que je réalise le mieux.

Évidemment, il m'est arrivé de suivre l'actualité, avec le même détachement qu'engendraient les prévisions météorologiques chez le pauvre juillettiste qui se demande s'il n'aurait pas dû choisir le doux mois d'août pour écouter zinzinuler les gentes demoiselles. J'ai donc pu apprécier à se juste mesure les efforts lyriques de notre formateur national qui, selon mes propres goûts, aurait peut-être dû oser se lancer en une version éthylique du Petit vin blanc ou de La digue du cul, tant les plaisirs capiteux me semblent davantage appropriés aux pays paisibles que ces marches militaires qui me donnent une seule envie : courir à toutes jambes du côté opposé au front. Franchement, est-ce vraiment décent de m'obliger à montrer mes fesses à un quelconque belligérant qui d'ailleurs me dépasserait allègrement, puisque mes performances sportives et notre réseau autoroutier l'y aideraient.

Dans la série de mes petites futilités, j'ai adoré ce Tour de France qui prenait les allures d'un roman policier, même si les répétitions de ce nouveau feuilleton de l'été le rendaient peu crédible. De même, j'ai beaucoup apprécié les menuets politiques face aux bonnes oeuvres de l'Office des étrangers : nos politiciens en goguette semblaient découvrir le sort des mineurs internés en centre fermé. Certains de nos petits comiques se sont même drapés dans la stricte application de la loi, en oubliant la condamnation internationale de celle-ci et leur responsabilité dans le contrôle d'un organisme qui déraille.

Bref, rien de neuf mais ce n'était pas une raison de me priver du plaisir de vous retrouver.