mardi, décembre 23, 2008

That's entertainment!

Je lève mon verre à mon prochain retour.

A bientôt

lundi, octobre 27, 2008

Lady Diana


Un peu d'érotisme que diable !

A l'heure où les bottes de cuirs sont juste là pour la culture de la mycose, où les chairs étalent leurs masses graisseuses plus ou moins bien disposées et où la vulgarité tient lieu de bon ton, revenons aux valeurs sûres d'une féminité agressive, triomphante et, Dieu me tripote, bandante.

Si certains prêchent le culte d'une certaine Diana, pauvre petite fille riche d'un mauvais conte de fée, j'avoue préférer Diana Riggs, qui enchanta de son sourire mutin mes vertes années. Ce n'est pas seulement le corps de cette divine succube qui me fait encore me pâmer mais j'avoue qu'une gente Dame de cette classe manque dans mon panthéon de jolies femmes : en fait, elle filerait des complexes à des bataillons d'actrices suédoises spécialisées dans la fricassée des chairs et autres simulacres de la reproduction.



Cette Lady-là était la partenaire de Mr. John Steed, alias Patrick MacNee dans la série Chapeau melon et bottes de cuir. Je me régalais donc dès le générique du copieux mélange de sensualité toujours élégante et du plaisir charmeur des aventures de ce joyeux duo. J'avoue qu'en ce temps-là, la télévision me semblait encore enchanteresse, loin de la trivialité de ces jeux à la con qui semblent prendre les comportements les plus abjects pour référence, loin de la bêtise de tous ces presque quelqu'un qui viennent parler de pas grand chose en profitant del eur quart d'heure de gloire, loin de l'abjection laxative de toutes ces promotions de boutiquiers qui viennent vanter leur suffisance sur des plateaux très complaisants.

Même si la niaiserie qui régnait à l'époque pouvait me pousser à sacraliser ces quelques perles, comme Diana ou encore Le prisonnier, je me demande si reconnaître que ces dernières ont bien vieilli ne serait pas se dire, finalement, que la télévision a peu évolué, à l'exception de quelques séries américaines nettement mieux réalisées que leurs homologues françaises.

Quant à la féminité, entre les potiches fabriquées en série et les chiennes de garde vindicatives, j'avoue me demander s'il ne serait pas temps de faire mon coming out, en dépit d'un farouche attachement à l'hétérosexualité qui m'habite, si j'ose dire.

Heureusement, il y aura toujours Emma Peele...




Pink Floyd - Another Brick in the Wall

Un mur trouve sa nécessité dans son effondrement : question de temps.

Droit dans le mur ?

Difficile de ne pas songer à ce parallèle, entre le Mur de Berlin et Wall Street, la bien nommée. Rêvons un peu : c'est peut-être l'autre idéologie redoutable que nous voyons s'effondrer sous sa propre masse et sous la somme des incompétences de ses apparatchiks.

Pour moi, qui ne suis qu'un groucho-marxiste, la sensation est proprement délicieuse, un peu comme le vertige de liberté qui saisit Pink Floyd dans The Wall : serions-nous en train de dépasser les billevesées économiques pour enfin nous concentrer sur l'essentiel, c'est-à-dire le sexe, la drague et la bourrée pas qu'auvergnate ? Dois-je vraiment gloser, en un sarcasme dont l'élégance naturelle n'entrave en rien l'alacrité, dois-je donc encore rappeler le principe de Peter et ses inévitables conséquences ? Dois-je railler à propos de ces bourses que nos chers, et même de plus en plus chers, gouvernements s'essaient à maintenir en action, telle la pépatéticienne qui s'efforce de maintenir celles de son client déjà impuissant et bientôt impotent ?

Dois-je préciser que je savoure mon café en lisant les augures des pythies de service et l'indécrottable contradiction des faits qui survient dès l'aube suivante ? Dois-je enfin vous avouer que je me marre lorsque l'on parle de crise économique, tant j'ai l'impression que l'on me repasse le plat pour la tantième fois, au point que j'ai tendance à confondre la crise et l'économie, en me demandant parfois si la qualification d'expert et l'appellation de science pour ce dernier domaine ne sont pas des pures usuraptions de qualité ?

Mais je suis persuadé que tout notre monde institutionnel, le privé comme le public, finira par nous persuader qu'il agit pour notre souverain bien, quitte à ce que nous en tirions profit longtemps après notre mort. Et je finis par penser que Warren Buffet ne se trompe pas : "Vous n'avez pas raison parce que d'autres sont d'accord avec vous. Vous avez raison parce que vos faits sont exacts et que votre raisonnement est juste". J'espère simplement qu'il n'est pas tout à fait une exception...



samedi, septembre 27, 2008

PH D - I Won't Let You Down

Autrement dit, je ne vous laisse pas tomber, même si vous n'êtes pas une blonde pulpeuse, et je reviens bientôt.

vendredi, septembre 12, 2008

Le travail au corps ?


« Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous :à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, ce qu'on sent aujourd'hui, à la vue du travail – on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême. – Et puis ! épouvante ! Le « travailleur », justement, est devenu dangereux (1) ! Le monde fourmille d' « individus dangereux » ! Et derrière eux, le danger des dangers – l' individuum (2) ! [...] Êtes-vous complices de la folie actuelle des nations qui ne pensent qu'à produire le plus possible et à s'enrichir le plus possible ? Votre tâche serait de leur présenter l'addition négative : quelles énormes sommes de valeur intérieure sont gaspillées pour une fin aussi extérieure ! Mais qu'est devenue votre valeur intérieure si vous ne savez plus ce que c'est que respirer librement ? si vous n'avez même pas un minimum de maîtrise de vous-même ? »

Nietzsche, Aurores (1881), Livre III, § 173 et § 206, trad. J. Hervier, Gallimard, 1970

(1) allusion aux nombreuses grèves qui touchent le monde du travail

(2) du latin : ce qui ne peut être divisé (atome, au sens étymologique, pas physique)


Ce texte est présenté sur le site de l'encyclopédie en ligne Wikipédia : je l'ai trouvé par un heureux hasard lors de recherches pour mon cours de rhétorique. Le professeur de français peut se permettre certaines libertés, selon sa sensiblité personnelle aux mots : il peut ouvrir à l'analyse et à la réflexion des textes indépendants sans avoir à les référer à une nécessité générale. L'histoire, l'économie, les sciences peuvent éveiller à l'esprit critique ; les cours philosophiques le peuvent aussi, si l'enseignant qui les dispense s'aventure vers les ouvertures audacieuses. Mais, me semble-t-il, dans tous les cas, il restera ce garde-fou d'une vérité, fût-elle partielle ou relative.


Tandis qu'un texte, ou même un auteur, isolé de son poids référentiel, ouvre sur un étrange relation entre ses potentialités sémantiques et les aptitudes à la réflexion de son lecteur. Je puis ainsi contredire l'affirmation simplificatrice d'une affinité de Nietzsche pour le nationalisme allemand : ce texte y est irréductible. Je peux me rappeler l'anecdote de Nietzsche embrassant un cheval fouetté par son cocher et retrouver ainsi la cohérence d'une supposée folie. Et puis, surtout, je peux opposer à un discours dominant auto-satisfait une argumentation qui le sape alors même qu'il se constituait, avec le plaisir de renvoyer dos à dos les grands camps issus de cette tradition douteuse, selon moi.

Orienter mon cours vers des compétences abrutissantes, comme le réclament ces pédagogues qui ont inventé l'eau tiède un jour con comme la lune ? En véritable professeur autocrate, je n'y perçois, au mieux, que des stratégies de survie et ma mauvaise foi, trempée dans une obstination qu'écrème mon très mauvais caractère, n'y voit que des dommages : contre la liberté du texte, contre la liberté du lecteur, contre l'individu.

A force d'entretenir des opinions toujours raisonnables et circonstanciées, nous, enseignants, n'osons plus nous aventurer sur le terrain de ces libertés, comme si la pudibonderie pédagogique, simple traduction de la langue de bois des politiques assignée au champ scolaire, nous poussait au malaise face aux textes qui dérangent. L'institution nous charge de relayer un conformisme d'époque : malheureusement pour elle, il reste des emmerdeurs de première (enfin, pour moi, c'est de la quatrième à la rhétorique) qui assument encore la dignité de la charge professorale par sympathie pour les fouteurs de merde.

Socrate, Rabelais, Montaigne, Voltaire, Diderot, Hugo, Baudelaire, Verlaine, Cendrars, Prévert et tous les autres, je vous adresse mes remerciements pour m'avoir appris qu'il existait des pensées alternatives dans notre morne continuité. Et je vous préférerai toujours aux discours pompeux des éditorialistes de pacotille, ces courtisanes qui affectent l'irrévérence ou l'outrage alors même qu'elles entretiennent un discours de circonstance.


dimanche, septembre 07, 2008

Le Vif aurait-il un coup de mou ?

Une collègue m'avait fait part du numéro spécial du Vif belge qui évoquait l'Islam et l'école. Je l'achetai donc et, malgré le titre qui envahissait la couverture, je le lus, je le pense, comme un lecteur qui n'a pas encore été anémié par les discours devrait le faire : partisan dans mes opinions, objectif avec les faits. Sans doute n'est ce pas ce que Le Vif attend de ses lecteurs...

J'ai eu le plaisir, lors de mes pérégrinations sur le ouaibe, de tomber sur un article de l'excellent blog The Mole, où j'ai laissé un commentaire dont je vous livre la substance.

Si je devais en croire Le Vif, je risquerais donc ma peau à chaque heure de cours puisque je suis dans un école en discrimination positive et que j'ai le gros défaut d'y être athée ;-)
Si nous avons, mes collègues et moi, connu des incidents semblables à ceux qui sont relatés dans le dossier, nous n'avons jamais cédé aux pressions de quelques énergumènes extrémistes qui voulaient exercer leur prosélytisme sur les autres élèves et nous nous en sommes occupés comme des enseignants doivent le faire : c'est-à-dire en traitant avec intransigeance le problème pour ce qu'il était, à savoir un problème de comportement, au grand soulagement des autres élèves à l'époque. Dois-je préciser que ces prosélytes de choc étaient une infime minorité, d'ailleurs rejetée par des élèves sans doute tout aussi croyants (il m'est difficile d'en juger puisque cela ne fait pas partie de mes bases d'évaluation) et que nos élèves nous respectent parce que nous respectons les règles que nous affichons dès le départ ? Un incident reste, grâce à cela, un incident. Il est vrai que l'exercice est délicat, en ces temps de communautarisation des discours, mais il est clairement balisé, pour une fois, par le décret sur la neutralité de l'enseignement qui s'applique dans mon réseau.

En bref, mes collègues peuvent sans problème travailler avec leurs élèves sur l'évolution ou sur le Big Bang dans le cadre scientifique requis, je peux travailler avec mes élèves sur les diverses philosophies que peut envisager un cours de français : il y a parfois débat (tant mieux) sur des valeurs mais il n'y a pas obstruction ou pression morale. Même constat pour les réunions de parents...

Par contre, des dérives sont à craindre à nouveau si le sensationnalisme, cet argument de vente de bas étage, crée une image à laquelle certains gosses finiraient par se référer, par bravade ou en désespoir de cause. Il faudrait sans doute aussi agir contre les "sectes" islamistes qui exercent leurs pressions dans certaines familles (un cas récent de mariage forcé l'a encore prouvé) ou contre cette nébuleuse extrémiste qui grenouille ici ou là mais je ne pense pas que stigmatiser un "certain type" de population scolaire en lui attribuant des références que majoritairement elle refuse soit une solution intelligente. Mais sans doute n'ai-je pas les hauteurs de vue d'une rédactrice en chef ?

J'assume bien entendu cet avis et j'en partage bien d'autres sur ce même post, mais je me permettrai d'ajouter une idée bien modeste - les plus chères ayant quitté ma pauvre caboche depuis bien longtemps - : ce n'est pas par altruisme profond que je réagis à ce genre de duperie intellectuelle, c'est également pour moi. C'est la société dans laquelle je m'inscris que l'on configure ainsi, plus ou moins consciemment : et je déteste ce communautarisme que l'on veut me dessiner à tout crin, parce qu'il davantage commerçant de dramatiser la réalité. C'est un peu comme si les conflits, bien réels ceux-là, manquaient à notre appétit, comme s'il fallait nous créer des occasions d'être délicieusement malheureux afin de nous repaître de tout ce qui pourrait nous faire oublier ces malheurs supposés et ce désespoir, cette peur bien réels.

Nous cédons tous à nos phobies, comme si l'aveuglement volontaire excusait toute illusion et comme si nous ne pouvions nous sentir vivre que dans un délicieux catastrophisme monté de toutes pièces, où nous identifierions les bons et les méchants en toute simplicité, au détriment de nos capacités à réellement agir et réfléchir. Nous nous mentons donc.

Je l'ai dit, je suis un vrai pessimiste, ce qui ne m'empêche pas de bouger encore : sans doute pour me distancier de tous ces gens heureux, confits dans leurs certitudes et leurs saintes trouilles, fussent-elles laïques d'ailleurs. Je reste pessimiste parce que je suis certain de n'aboutir à aucune certitude, parce que je sens que je ne vais pas tout comprendre, parce que les questions m'importent davantage que des réponses artificielles. Je suis pessimiste parce que je suis entêté, comme les faits dont je suis témoin ou acteur ; je suis pessimiste parce que je pense que réfléchir reste une nécessité.

Je suis pessimiste parce que j'espère trop souvent me tromper et que cela ne se produit pas assez souvent.


mardi, septembre 02, 2008

Pessimisme

Je suis profondément pessimiste,
ce qui me permet de n'avoir
que de bonnes surprises
et peu de désillusions.

jeudi, août 28, 2008

Check Point Charlie ?


Il y a quelques semaines, un échange de prisonniers avait lieu à Check Point Charlie : le dessinateur Siné, arrêté par le Staff de Charlie-Hebdo, passait la frontière en échange de Richard Malka, avocat du journal et de Clearstream. L'échange s'est passé en présence de quelque 15 mille et vingt témoins, selon le secteur choisi et la pétition signée. Cet échange s'est fait au nom de la liberté éditoriale.

Vous allez me dire que je déraille et que je ratiocine sur l'affaire Siné, à nouveau : ce qui n'est pas tout à fait faux, à condition que j'accepte une telle familiarité de votre part, cher lecteur, mon semblable, mon frère. Mais l'actualité, tel un bourrelet échappé de son (mon ?) short, rebondit allègrement en cette fin d'été puisque Siné annonce la création d'un hebdo que je n'ose rêver trouver en kiosque dès le 10 septembre. La rédactrice en chef en sera son épouse qui nous évoque l'affaire dans une interview sur Bibliobs et surtout un coup de fil de Philippe Val où ce dernier aurait avoué que le propos sur Clearstream était la raison de son courroux : "A l'époque, on croyait encore aux menaces des Sarkozy (mais les intéressés ont démenti par la suite). Je lui demande si c'est l'affaire Denis Robert qui le met dans cet état, car Bob en a parlé favorablement, il me dit oui. Je lui demande s'il a parlé à Claude Askolovitch avant son passage à la radio, il me dit oui. Il doit regretter aujourd'hui de m'avoir dit ça. Mais il me l'a dit."

J'avoue avoir envie de passer un cap, de l'écoeurement au dégoût : si les dires de Val étaient avérés, cela signifierait qu'un patron de journal, pas n'importe lequel, peut se permettre le lynchage d'un vrai journaliste, Denis Robert, sous la caution d'une certaine amitié avec l'avocat (et un peu plus puisque scénariste d'une bande dessinée récente) de sa publication et peut renvoyer un "collaborateur" qui n'obtempérerait pas à ses propos éditoriaux en instrumentalisant un antisémitisme très hypothétique. Si les faits étaient confirmés, Philippe Val ne manquerait pas seulement de style, comme l'un quelconque de ses éditoriaux, mais de classe et d'honnêteté intellectuelle. Et le "C'est dur d'être aimé par les cons" qui sort de ces temps-ci ne serait plus un trait d'ironie mais l'aveu maladroit de la "nouvelle" mentalité d'un journal qui n'a plus grand chose de satirique et où le patron aurait des allures de despote clignotant.

En effet, certains faits sont têtus, comme le rappelle Umberto Eco dans l'une des chroniques rassemblées dans A reculons comme une écrevisse : il est d'ailleurs plus agréable de ne pas toujours être d'accord avec quelqu'un d'aussi intelligent qu'Eco plutôt qu'avec certains éditorialistes spécialisés de la presse française, parce qu'au moins il laisse au lecteur l'impression agréable
de ne pas être pris pour un con. Il semblerait donc que l'affaire Siné soit liée à l'affaire Clearstream et que le directeur de Charlie-Hebdo ait délimité les bornes de ses pratiques éditoriales et de son territoire, comme n'importe quel grand fauve qui urine ses avis autorisés dans les médias. Je pensais Philippe Val méprisant : ne serait-il que méprisable ?

Si je finis par trouver Siné-Hebdo dans une librairie - je n'ose utiliser le mot kiosque puisqu'en Belgique il évoque davantage les fanfares que les baveux -, je n'aurai même plus à parcourir occasionnellement le Charlie sous copyright pour voir si j'ai envie de m'ulcérer à le lire à moitié, en sautant tout ce qui m'indiffère ou m'exaspère. Et je pourrai peut-être reparcourir un journal non seulement bête et méchant
mais surtout irrévérencieux.


mardi, août 26, 2008

Suis-je un Sinéphile ?

Le désoeuvrement et la persistance de nos chers frimas estivaux, que le monde entier nous envie, m'ont amené à me pencher sur l'affaire Siné et sur ses débordements : il est vrai qu'un carnet du ouaibe peut se permettre de délirer sur des crises de principe, tant il serait délicat et inopportun de gloser sur les morts réels, ce que je laisse aux pisse-copies en mal de reconnaissance, aux mateurs d'accidents autoroutiers et aux éditorialistes spécialisés dans les romanquêtes.

Je ne vais pas vous faire la chronologie des événements : ce serait déjà prendre position quoique, je l'avoue, mon opinion soit faite. Je vous laisse lire le récapitulatif des faits réalisés par Télérama ou encore par Noël Godin, l'entarteur bien connu. Pour résumer et à destination de mes lecteurs les plus flemmards, Siné a rédigé une chronique qui a fait mousser certains journalistes qui le taxèrent d'antisémitisme parce qu'il relayait la rumeur à propos de la conversion au judaïsme de Jean Sarkozy, ce qui amena une éviction par son directeur de publication, le grandissime Philippe Val. Ce dernier rédigea un texte qui avait au moins l'avantage d'être bref dans le Charlie suivant, en appendice d'un éditorial éclairant, à défaut d'être lumineux, sur la politesse : au vu de réactions nombreuses, il nous asséna en outre un nouvel éditorial finement intitulé "Antisinétisme" dans un Charlie où l'on pouvait encore lire les réactions pantoises de Cavanna et de Charb. Siné, lui, devait paraître dans le Nouvel Obs en ligne et sur un blog personnel pour lui répondre, au nom sans doute du droit de réponse différé, et même délocalisé dans ce cas. Dernier épisode en date : la Licra assignait à comparaître Siné devant un tribunal de Lyon.

Vous avez pu constater que je vous ai laissé disposer de liens de tendances diverses, même si une légitime pudeur m'a fait oublier l'époustouflant article de BHL, les commentaires avisés de certains journaleux, la pétition des 20 intellectuels qui soutiennent Philippe Val et la pétition des treize mille et quelques individus, dont moi, qui soutiennent Siné. Je passerai également sur l'initiative Un dessin par jour pour Siné : elle prouverait simplement que si le talent a disparu de Charlie-Hebdo, le dessin de presse peut encore vivre ailleurs. Oups : aurais-je transgressé les bienséances du Siècle des Lumières en m'avisant de laisser filtrer quelque opinion sur cette affaire ? Que mes amis lecteurs, mes semblables et mes frères, ne m'accablent pas sous les reproches en me dénonçant au Grand Timonier de Charlie-Hebdo : je me crois bien capable de succomber aux assauts de ce gazetier de génie, moi qui ne suis qu'un lampiste.

Je l'avoue : il y a longtemps que je suis devenu un lecteur sporadique de Charlie-Hebdo tant les éditoriaux de Val, les articles de Caroline Fourest, les chroniques de Cavanna m'affligeaient par leur insignifiance. Chaque fois que je lisais un texte de Val, j'en venais à le confondre avec une de mes copies à corriger et je songeais à un commentaire très professoral qui, tout en reconnaissant les qualités de construction et le respect des apparences rhétoriques, ne pourrait que mettre en évidence l'académisme de la réflexion et le dénigrement systématique de toute opposition. Que Philippe Val et moi ne nous entendions pas sur des idées communes était plutôt fait pour me rassurer : au fond, lire un texte de Val me permettait de me sentir intelligent, plus que lui en tout cas, tout en lui cédant le pas pour la vanité et la suffisance... Mais à chaque numéro de Charlie-Hebdo, il faudrait se demander qui devrait encore le quitter suite à un désaccord : la liste devenait un peu trop conséquente à mon goût pour un canard dont le directeur de publication revendiquait le droit à la liberté d'expression, sans doute à sens unique. Ce qui ne laissait pas de m'étonner pour un journal que je pensais libertaire...

Cette antipathie à l'égard de Philippe Val me rend méfiant : je crains de délirer parfois comme les rédacteurs d'Acrimed qui poursuivent leurs obsessions parfois très malsaines. Je n'adore pas non plus les règlements de compte personnels qui semblent animer certains, même si leurs attaques semblent viser assez juste. Mais je n'aime pas non plus les regroupements corporatistes ou communautaires que semble révéler cette affaire. Quand je parcours les articles de Joffrin, Askolovitch et les autres, j'ai l'impression de voir les journaleux jouer la stratégie écoeurante de la victimisation. Quand je lis Philippe Val se plaindre que pas un journaliste non juif ne le soutient, j'ai l'impression que le délire communautariste devient contagieux et s'autorise tous les dérapages. Je crains aussi pour la liberté d'expression qui, à mon sens, ne doit épargner aucun comportement sous l'un ou l'autre prétexte : cela aboutirait à juger selon des catégories plutôt que selon la réalité des faits. Cela aboutirait aussi à banaliser les propos réellement racistes parce qu'ils seraient camouflés dans le lot d'accusations délirantes, comme celle de la LICRA qui assigne Siné pour avoir qualifié des comportements. Cela finirait surtout par châtrer les mots pour pallier l'impuissance face aux faits : on ne lutte pas contre les discriminations en jetant un voile pudique sur les mots qui l'expriment. Et il n'y a pas de domaine réservé dans la langue : la seule nécessité morale réside dans l'intelligence de la situation à laquelle celui qui doit s'exprimer se retrouve confronté. Ceci me semble être la seule garantie de liberté critique à maintenir, sous peine de voir des gens pleins de bonnes intentions, comme certains de ceux qui soutiennent Val, créer une dictature des communautés qui ne résoudrait assurément rien.

En défendant Siné, qui est un peu primaire me dit-on, je ne défends pas qu'un principe : je prends également position pour ma liberté de m'exprimer et de penser, puisque nous pensons aussi par des mots. J'assume également ma liberté de me moquer, parce que la satire, la caricature, l'ironie sont des réflexes vitaux dans une démocratie : elles sont l'expression du refus d'une quelconque dictature politique, économique ou médiatique.

Et puis, j'en ai ma claque de ces donneurs de leçon, qui me semblent faire l'article comme des colporteurs qui voudraient me placer au bon format : je suis encore capable de penser par moi-même, d'apprécier mes erreurs, de qualifier ma pertinence, d'assumer mon impertinence et mon goût pour la dérision, de refuser de penser en noir et blanc, de modérer mes propos.

Comme d'autres quidams, je soutiens Siné : à vous de voir si vous voulez agir de même !



dimanche, juin 22, 2008

Mes collègues raisonneraient-ils comme des tambours ?


Ne vous attendez pas, ô lecteurs très hypothétiques de ce carnet, à des révélations croustillantes sur les moeurs et turpitudes de l'enseignant moyen à l'approche de vacances bien méritées, comme dirait ma concierge à laquelle je ne parle plus depuis qu'elle a décidé de ne jamais exister.

Je ne brosserai pas, ce qui serait d'ailleurs douteux pour un professeur, un tableau (noir ?) de l'enseignant plongé dans ses délibérations et attelé à la rédaction de ses mémoires dans ce style administratif propre aux circulaires et autres paperasseries, ce qui me permet de penser que l'intérêt d'un texte est inversement proportionnel à la quantité de jargon dont il se pare. Je ne brosserai donc pas : j'esquisserai simplement une grimace bien personnelle face aux étranges habitudes de certains de mes collègues de branche.

Deux précautions : d'abord, je ne parle que de collègues que je ne connais pas ou peu ; ensuite, lorsque je parle de branche, il ne s'agit pas de celle dont on fait les rameaux ou le bois sec, qui ploierait sous mon poids, mais de ma branche, le français un rien littéraire... Je vais donc vous parler de pratiques de cours et, tel Cicéron encaqué dans sa toge, en prenant garde où j'agiterai les pieds et les mains.

J'avoue qu'il me semble parfois que certains de mes collègues transforment leurs cours en bizutage systématique : et les examens de ressembler à ces épreuves de baptême, les chansons et la bière en moins, bref sans ce qui les rendrait peut-être supportable. Plusieurs cas me sont revenus par l'intermédiaire de collègues, des proches ceux-là, se retrouvaient face à des aberrations au seuil des examens. Si je récapitule, leurs enfants ont été victimes de Sollers, de Quignard, de la Renaissance et de la dissertation : a priori sujets intéressants, sauf Sollers tout de même... Et pourtant, j'avoue ma stupéfaction face à ces réflexes de cultureux transis, de ceux qu'on retrouvait dans les académies locales où ils rédigeaient des textes dignes du maire de Champignac, face à ces tortionnaires du savoir qui, par un manque probable de souplesse, restent confits dans les escroqueries d'un élitisme en toc, face à ces crétins, même pas Alpes, qui s'admirent le cervelet confit dans sa courtoise suffisance, sur lit de clichés mi-recuits.

Je m'indigne quand une gamine de cinquième, environ dix-sept ans, se retrouve avec sa première dissertation à l'examen final, parce qu'un système de réflexion s'apprend d'abord, s'utilise ensuite, se maîtrise enfin : qui d'entre nous s'avèrerait capable de recréer une construction de pensée s'il ne l'avait au préalable exercée ? Mais peut-être que ma collègue se sent peu concernée par l'admiration d'une pensée qui évolue ?
Je m'exaspère qu'on inflige à une élève de rhétorique Philippe Sollers, cet exécrable commentateur permanent des peintures qu'il a découvertes en éclaboussant au rouleau son domicile très germanopratin ou en contemplant le calendrier des postes au Flore, ce fumiste qui passe ses lourds récits à ne parler que de ce que firent d'autres, bien plus talentueux : c'est sans doute cette posture de boutiquier des lettres qui doit plaire à ma deuxième collègue en ce cas...
Et c'est avec une mine courroucée, entre autres, que j'apprends les avanies d'une élèves de quatrième, quinze ans aux prunes : elle s'est vue soumise à une véritable inquisition sur la Renaissance à travers Dante (avec lecture de La Divine Comédie), Pétrarque, Machiavel, Rabelais, Montaigne, Erasme et Pascal Quignard, pour Les escaliers de Chambord. Sans doute, dans ce cas-ci, ma collègue ne s'est-elle pas rappelé le principe de la "tête bien faite" puisque là encore cette représentante d'une certaine gent professorale lui préférait un "Démerdez-vous" fort peu pédagogique : songeait-elle donner son cours à des autodidactes ?

Je n'ai rien contre la culture : je trouve d'ailleurs admirables les poèmes de Molière et le théâtre de Baudelaire, comme n'importe quel animateur télévisuel. Mais j'apprécie avant tout mes lectures et tout ce que j'apprends pour ce que je peux y puiser, et parfois partager : et mon métier consiste, autant que possible, à fournir quelques repères à mes élèves. En quelque sorte, comme ne l'a pas tout à fait dit Montaigne, je construis un passage où c'est l'interaction elle-même qui devient intéressante, puisqu'elle s'autorise des découvertes pour qui ne savait pas et des revitalisations pour qui pensait savoir. Je plaide donc pour un gai savoir, pour une coopération face à ces fous cultureux qui, en fait, négligent qu'un livre n'existe pas pour leur seul nombrilisme exclusif mais peut, potentiellement, s'adresser au plus grand nombre, pour peu qu'un professeur daigne à passer par là.

Et tant pis s'il faut se résoudre parfois à certains clichés, à des simplifications abusives et douteuses : nous n'enseignons pas seulement un savoir, nous nous devons de le communiquer, au risque de parfois le malmener plutôt que nos élèves.

vendredi, juin 13, 2008

Buddy Rich Live at the Muppets Show

Avant un retour en fanfare de l'auteur très sporadique de ce blog intermittent, je vous laisse une petite démonstration de batterie entre l'Animal des Muppets et Buddy Rich.

Au moment de mourir, Buddy Rich avait répondu à une infirmière qui lui demandait si quelque chose le dérangeait : "Oui, la musique country !" Il ne devait pas connaître la variété française...

A bientôt

samedi, mai 03, 2008

Repose-toi bien, grand-mère

Ma grand-mère est décédée cette nuit pendant son sommeil : c'était cette petite dame que mon grand-père avait figuré entre deux de mes cousins, en compagnie d'une de ses modèles, dans sa dernière série de peintures.

J'avoue que, pour des raisons qu'il serait fastidieux d'expliquer, je n'ai pas tellement l'esprit de famille mais sa présence, sa ténacité et son fichu caractère vont quand même me manquer, même si elle était un peu perdue depuis le décès de son compagnon de toujours.

J'espérais pour elle qu'elle ne souffre pas dans ses derniers instants : ce fut apparemment le cas. J'espère maintenant pour elle qu'elle a rejoint son mari dans ce ciel auquel ils croyaient tous les deux, même si ce n'est pas mon cas : je lui souhaite avec affection le fruit d'une de mes erreurs possibles, les plus nombreuses.

Et puis, nous nous donnerons rendez-vous, tôt ou tard, au hasard d'un souvenir ou d'un songe.

A tôt ou tard.

dimanche, avril 27, 2008

Les fantasques aventures de Miss Bille : le mystère des archivistes disparus.

Miss Bille, enquêtrice de choc, ne pouvait se résigner aux éternels barrages de Madame Courteneau, digne bibliothécaire que la fréquentation des livres avait affublée de cette friabilité propre aux vieux manuscrits : et puis surtout, il lui fallait enfin apprendre la vérité sur cet archiviste mystérieux que personne, de mémoire de lecteur assidu, n'avait vu sortir, entrer ou travailler dans cette bibliothèque. L'énigme s'avérait propre à exciter les neurones toujours en éveil de notre enquêtrice : c'est donc d'une main alerte qu'elle se saisit de sa carte de lectrice, renversant ainsi le joli vase, cadeau d'une périgourdine, qui renversa son contenu sur un vrai tapis d'Occident brodé par des épouses de marins bretons disparus en mer, d'où le nom et le motif de la plage de Locquirec sous la pluie.

Nous résumerons en une ellipse fulgurante le parcours de notre détective afin d'épargner les nerfs déjà bien fragiles de son assureur et de ménager la susceptibilité des divers accidentés de la route ou du trottoir qui se retrouvèrent, ébahis, après une rencontre fortuite qui sur les genoux d'une vieille dame assise sur son banc et tricotant des mitaines, qui en pleurs dans les bras d'un gendarme compatissant et moustachu, qui le nez sur la pédale de frein et le pied gauche passant négligemment par la fenêtre à la suite d'un dérapage mal contrôlé. Nous devons pourtant à l'honnêteté de préciser que le dérapage n'était pas le fait du conducteur, hormis les écarts de langage postérieurs à l'accident, mais bien provoqué par Miss Bille, ce qui reste d'autant plus énigmatique qu'elle se déplaçait à pied.

Son arrivée à la bibliothèque fut, par contre, très discrète et elle profita d'une absence de Madame Courteneau, fascinée par un corps de balais et de plumeaux artistement éparpillés dans le couloir, pour plonger vers cet escalier secret où se trouvait probablement le donjon de l'archiviste, non sans avoir au gré d'une manoeuvre pas vraiment préméditée envoyé valdinguer l'intégrale de Jean D'Ormesson et celle de Fustel de Coulanges reliée en peau de zébu afin d'établir un barrage salvateur entre le monde du silence et des lecteurs et ses propres aventures.
Oserons-nous préciser que Miss Bille, enquêtrice, dévala quatre à quatre les onze marches de l'escalier, ce qui lui permit de rater les trois dernières et de heurter la porte de bois usé du bureau des archives. Assez logiquement, puisque tout est logique dans une enquête, une voix teintée de yiddish l'invita à entrer.

Après un rapide examen de ses multiples contusions, Miss Bille entra : deux hommes lui faisaient face. Le premier avait cet aspect efflanqué et distant des employés de mairie qui ont trop vu de mariages et qui rêvent de leur canapé quand la frimousse timide de la promise ose un oui ouaté tandis que le futur époux recompte sur ses propres doigts pour retrouver ce fichu annulaire ; le second, rondouillard et souriant, affichait des cernes de fatigue, une calvitie bien entamée et semblait porté par sa chemise raide. Autour d'eux des masses de papier même pas relié dévalaient en cascade de leurs bureaux par suite du double effet du courant d'air provoqué par la porte encore entrouverte et de la galanterie qui pousse encore les messieurs à se lever en présence d'une dame, fussent-ils archivistes mystérieux et elle enquêtrice de choc.

On se présenta : Miss Bille, je le rappelle pour ceux qui n'auraient pas suivi ; Jérôme Bartlebille rima l'efflanqué ; Isaac Laquedem dissona le second. Puisque l'on s'était nommé, Miss Bille attaqua et réclama ces ouvrages rares et précieux qu'elle demandait en vain aux étages mais que jamais, au grand jamais, Madame Courteneau n'avait pu lui délivrer à cause de l'archiviste. Elle avoua, ce qui est inopportun pour une enquêtrice mais passons, qu'elle comprenait d'autant moins que là où un seul archiviste, prétendument absent, pouvait venir à manquer, deux bien présents ne pouvaient s'abstenir. Bartlebille soliloqua un énigmatique : "Je préfère ne pas !" tandis que Laquedem soupira, ce qui fit un bruit de vieux gond entre ses dents usées. Il parla d'une voix douce.

Les livres n'existaient pas : c'étaient les lecteurs qui provoquaient la création en les demandant aux comptoirs des bibliothèques et les personnages qui devaient les constituer devaient alors rassembler les mailles et les décors de leurs récits afin de permettre aux lecteurs de rêver d'horizons lointains et de situations dramatiques. A chaque génération, les difficultés s'accumulaient : il fallait enterrer les personnages morts, détruire les décors obsolètes et procrastiner quand un lecteur scrupuleux réclamait telle ou telle oeuvre dont on pouvait pourtant penser que le temps avait effacé jusqu'au souvenir. Bartlebille était chargé de répondre à Madame Courteneau qu'il préférait ne pas chercher le livre demandé, ce qui avait réduit la brave dame, pourtant d'un naturel joyeux lors de son entrée en fonction, assidue aux tisanes arrosées d'anti-dépresseurs mélangés à des calmants, tant la voix de Bartlebille traduisait particulièrement bien son aspect spectral.

Bien sûr, l'essentiel de la littérature moderne fournissait ses propres personnages, en fait les auteurs eux-mêmes, et les décors étaient ceux d'appartements ou de maisons sises dans des villes connues de tous : d'ailleurs, qui s'intéressait encore aux décors ? Laquedem se retrouvait donc à devoir, depuis un certain personnage auquel il n'avait pas cru et pour lequel il n'osait toujours pas se prononcer, rédiger des oeuvres lues pour animer les pages blanches ou effacés des chefs d'oeuvre littéraires. Il devait rappeler les esprits de Sancho et d'Obéron, invoquer les mânes de Renart et de Sinbad, apprivoiser Moby Dick et Bagheera tout en recréant l'Atlantique, les Indes ou le pays gaélique. Et ce travail de titan durait depuis bientôt deux mille ans et sa fatigue s'accroissait de chaque cote reçue, dont les numéros kabbalistiques désignaient toute cette matière imaginaire qu'il faudrait associer, l'état requis pour le papier et même les caractères d'imprimerie qu'il faudrait utiliser. Avec tout ce travail, impossible de classer les archives de la réalité : l'imagination des lecteurs la dépasserait toujours.

Miss Bille, d'une petite voix, osa proposer son assistance aux deux archivistes épuisés et suggéra, pour les soulager d'un soupçon de leur peine, de lancer un jeu d'écriture auprès de ses compagnons virtuels afin que ceux-ci relancent des personnages vaguement inspirés de la réalité en les transformant en de belles illusions qui naviguent sur le réseau des affinités.

Cette solution fut adoptée et entra en vigueur ce 27 avril de l'an de Grâce deux mille et huit.


mardi, avril 08, 2008

Coupure publicitaire

Je déroge à mes habitudes en fournissant une petite page de pub à une table ronde organisée par le tenancier de La lettre aux amis, qui en est un justement. Peut-être que vous pourrez croiser Ubu sur place, puisqu'il hiberne à deux pas de là, que c'est le printemps et que j'essaie de comprendre ce que pourrait être le Web 3.0.

LA LITTERATURE AU PAYS DES ORDINATEURS

Table ronde et promenade virtuelle

Les techniques informatiques et plus récemment l'internet ont modifié en profondeur le rapport de l'écrivain à son public, parfois même à son œuvre. Dans un esprit ludique, plusieurs personnalités, comme Nicolas Ancion et Laurence Vielle, se raconteront à coup de clics, de menus déroulants et de blogs, au cours d'une soirée où l'on surfera en musardant. La soirée sera composée de moments de débat, visionnements de sites internet et de blogs sur grand écran, lectures d'extraits de textes lauréats du Prix interrégional Jeunes Auteurs.

Le Prix Interrégional Jeunes Auteurs a pour vocation d'encourager la création littéraire chez les jeunes de 15 à 20 ans en Suisse romande, en Franche-Comté, en Alsace, en Bourgogne, en Champagne-Ardenne, en Vallée d'Aoste, en Roumanie et en Belgique, en français langue maternelle et en français langue apprise. Il souhaite être un lieu d'échange. Il permet une première confrontation avec le public puisque les textes retenus sont publiés aux Éditions de l'Hèbe. Il offre en outre aux lauréats l'occasion d'une vraie rencontre en les invitant à partager un moment lors de la remise des prix. Ainsi, il espère offrir à ceux que la plume démange un prétexte pour passer à l'acte et aux pages noircies en secret l'occasion de sortir du tiroir. Le PIJA 2007 a réuni 880 textes.


vendredi, avril 04, 2008

La Louvière en fête


La Louvière était donc la ville des mots et, faute de temps disponible, j'ai raté l'événement. Il ne me reste donc qu'à surfer sur le site du centre culturel local où, en vrai carabinier d'Offenbach, j'essaie d'imaginer les activités de l'autre capitale du surréalisme belge.

J'ai trouvé l'une ou l'autre trace de ce que j'ai raté, entre autres les sculptures de Claire Kirkpatrick, qui m'amusent beaucoup : j'aime bien les lycanthropes quand ils marchent à la queue leu leu dans la ville des loups.

Si vous passez par ma petite ville préférée, la ville d'Achille Chavée, n'hésitez pas à vous y attardez : malgré ses apparences sinistres de ville industrielle, elle se montre souvent plus généreuse que ses mesquines voisines, tout campanilisme mis à part.


dimanche, mars 30, 2008

Sexe Machin

N'est-il pas avisé d'évoquer le sexe lorsque l'on écrit des texticules ? Je viens d'achever la lecture d'un petit bouquin d'Edouard Launet, intitulé Sexe Machin, un hommage relatif à James Brown et aux scientifiques qui doivent l'écouter très sérieusement le matin en analysant leur café tout en rédigeant un rapport circonstancié de leurs activités nocturnes.

Etude des stimuli, caractérisations comportementales, erreurs d'aiguillages ou même résonance magnétique d'un accouplement, encore plus fort que la copulation de Vinci (ci-dessus) : les anecdotes abondent et mettent davantage en perspective certains délires scientifiques plutôt que des idées reçues sur le sexe. Il en va ainsi d'une étude sérieuse, forcément, sur la corrélation entre les fluctuations en bourse et la longueur des mini-jupes : j'éviterai de pousser plus loin mes propres commentaires, puisque j'ai tendance à juger, selon ma propre expérience, que les obstacles insidieux se multiplient sur les trottoirs lorsque de jolies jambes se dévoilent enfin après leur hibernation forcée. Je dois avoir l'esprit scientifique.

Plus sérieusement, si j'ose le penser, je viens aussi d'achever un guide publié par Charlie-Hebdo, à la suite de prises de position sur l'amendement Mariani, et intitulé L'ADN expliqué à Sarkozy, moins réjouissant que l'ouvrage d'Edouard Launet : j'avoue que je reste perplexe sur l'utilisation du fichage en matière de criminalité, puisque l'on justifie par l'existence d'une technoscience une pratique culturelle, quitte à en revenir au déterminisme très en vogue au dix-neuvième siècle où phrénologie et physiognomonie étaient censés indiquer le comportement d'un individu. il est toujours intéressant de voir comment la fiction s'inspire de la réalité, comme dans le réalisme et le naturalisme : il est par contre redoutable de voir la réalité reconstruite comme une fiction dans le discours politique ou économique.

Je ne vais pas rappeler la citation de Rabelais à propos de la science : si elle est connue de presque tous, force est de constater qu'elle n'est plus qu'une référence vaguement scolaire. Le monde judiciaire connaissait déjà le danger de l'expertise, sujette aux erreurs et aux interprétations : son extension inconséquente à tous les domaines de notre vie sociale requiert certainement notre vigilance, faute de quoi nous devrions constater notre incapacité à utiliser avec intelligence les outils auxquels notre créativité nous a permis d'accéder.

A quoi servirait-il de détruire les chapelles s'il nous faut toujours construire de nouveaux temples ? Le lecteur avisé comprendra que je préfère les études sur la longueur des mini-jupes : l'absence de nécessité est à la source du plaisir.


jeudi, mars 27, 2008

Ma petite radio ne connaît pas la crise

Je vous ai placé trois nouveaux morceaux dans ma petite radio, juste dans la colonne de droite : je me demande d'ailleurs pourquoi je le précise, à moins que ce ne soit par ce pur plaisir d'imaginer certains d'entre vous cherchant, par esprit de contradiction, une colonne de gauche qui est, précisément, celle que vous êtes en train de lire, à cette réserve près de ceux qui me liraient en faisant le poirier, ce que je déconseille fortement, sauf aux antipodes.

Bref, je vous ai placé deux extraits d'un album d'Ute Lemper, ce qui me permet de vous rappeler que j'aurais, à l'époque, volontiers pratiqué le contre Ute (voir photo), puisque cet album date de plus de vingt ans : les deux chansons, intitulées Mes deux amants et Peur, me restaient en mémoire comme des souvenirs agréables, ce que leur écoute confirme. J'avoue d'ailleurs que malgré les frimas hivernaux de ce début de printemps, le rouge me monte aux joues et que sous la robe dignitaire du professeur se cache... je ne vous raconterai pas, par simple décence. Et puis, je ne vais pas piquer les répliques de Pierre Desproges.

Autre morceau, une reprise du standard Sint James Infirmary par Lou Rawls : un superbe blues que la voix de Chicago amplifie à merveille. Evidemment, les connaisseurs préfèreront sans doute l'original d'Armstrong mais il faut aussi apprécier le jazz dans ses adaptations, puisqu'elles sont sa substance même.

Bonne écoute.


mercredi, mars 26, 2008

Les loges de la bêtise ?

Je m'étais promis de ne plus vous parler de Flaubert. Et puis, en me gratouillant la bedaine sans élégance, certes, mais devant un café brûlant, je n'ai pu m'empêcher de jeter un regard consterné sur un articulet d'un journal numérique à fort tirage : sans doute pour allumer les feux virtuels de nos passions mortes ?

En résumé, un papa horrifié d'un collège catholique huppé a découvert avec horreur que son bambin lisait, à l'instigation de son professeur de français, le roman La nuit des enfants rois de Bernard Lenteric. L'horreur ne résidait pas dans la découverte que son fils fréquentait un collège catholique, ce que je pourrais comprendre pour avoir partagé cette même expérience, mais plutôt dans les scènes de sexe et de viol présentes dans ce roman et dans un autre.

Il se fait que j'ai lu ce roman lors de mon adolescence : je ne l'avais pas aimé, non pas pour les raisons oiseuses du papa catholique ou pour les supposées perversités du roman qu'y trouve un inénarrable psychologue, qui plus est écrivain réputé mais pas de moi, ce qui doit expliquer pas mal de choses. Simplement, ce n'est pas la crudité des scènes violentes qui m'avait choqué, puisque je conçois que décrire la violence n'est pas en faire l'apologue et parce qu'au fond j'aime la littérature à l'estomac : non, j'étais juste agacé par ce style rapide, prétendument à l'américaine alors qu'il y avait tellement mieux chez les Américains, justement ; l'exaspération me guettait lorsqu'une fin heureuse de pacotille mit fin à ce qui ne serait resté qu'un roman noir mineur, agréable mais vite lu. J'ai donc été étonné des bonnes réactions trouvées ici et à son propos.

Ce n'est donc pas un bon roman, selon moi, que je vais défendre contre l'imbécillité coutumière qui tient lieu de réflexion à nos parents contondants, nos psychologues fumistes, nos journalistes en mal de copie à qui je pourrais prêter les miennes à corriger. C'est une liberté, de tout lire d'abord, d'enseigner ensuite, même si je ne connais pas le collègue incriminé.

Lorsque je lis, je ne cherche pas nécessairement ce qui pourrait choquer mes élèves : je voudrais simplement leur proposer des oeuvres qui ne soient pas fades et qui ne ressassent pas, à l'image de ces mauvais romans pour adolescents, les aventures de jeunes gens auxquels ils pourraient s'identifier, mais qui proposent l'évasion et aiguisent leurs sensations. Surtout, je voudrais leur permettre de se construire un goût de lecteur, leur donner envie de défendre jusqu'à la mauvaise foi ce qu'ils ont aimé, leur faire savourer le plaisir de démolir ce qui les a déçus ou ennuyés. Je me vois mal y parvenir avec des oeuvrettes consensuelles, même s'il faut parfois se détendre : en fait, à y bien réfléchir, je voudrais que mes élèves se créent un espace propre à l'évasion, un refuge, une île de saveurs dans ce monde en demi-teinte de notre quotidien. Il est vrai que je ne cède pas à l'irresponsabilité de leur faire lire n'importe quoi, la Bible (Onan, Pépère Noé, Moïse et son fiston, Sodome et Gomorrhe : et dire qu'il y en a qui se repaissent de ce genre de littérature tous les dimanches, quand ce n'est pas au catéchisme...) ou les ouvrages de Freud (dont la majorité se passe aux cabinets : une carrière de proctologue raté ?) ou encore les annales de Lacan, auprès duquel l'almanach Vermot n'est qu'une plaisanterie. Non, je leur fais lire des livres, y compris des livres voués aux gémonies (encore une belle invention !) comme Lajja de Taslima Nasreen ou Lolita de Nabokov, ne fût-ce que parce qu'il est toujours possible de s'arrêter de lire un livre, d'y réagir, contrairement à l'horreur quotidienne de l'actualité. Je leur fais lire aussi des livres parce que le lecteur peut respirer l'insoutenable sans s'y asphyxier. Je leur fais toujours lire des livres parce qu'ils nous imposent des défis.

Mais pourquoi donner cette lecture à de si jeunes enfants ? Il est vrai que la question de la maturité se pose : je ne donnerais pas n'importe quel roman en lecture commune et sans doute pas à n'importe quel âge. Je prends mes responsabilités à cet égard, même si je constate qu'il est impossible d'échapper au risque ; je me souviens de scènes de films choquantes, de l'attrait du carré blanc de mon adolescence ; je me souviens d'avoir regardé, encore enfant, des tragédies shakespeariennes (sous-titrées, qui plus est !) ; je me souviens de jeux d'enfants qui tournaient à la bagarre : je pense y avoir survécu suffisamment pour écrire ce persiflage face à la sinistre bêtise. Sans doute ai-je la chance de ne pas avoir dû refouler ma violence naturelle, qui d'ailleurs ressort quelquefois faire sa petite promenade mais sans séquelles, et d'avoir pu m'assumer. Il est vrai que ce n'est pas l'école qui m'a donné cette chance mais mes parents : ils étaient attentifs à ce que je lisais sans me contraindre autrement.

Il est vrai aussi que je ne suis ni un papa catholique ni un psychologue réputé : je n'ai donc pas d'oeillères dont me parer.



mardi, mars 25, 2008

J'en reste bouche bée...

J'avoue qu'il est difficile de rester un provocateur : si quelques sujets continuent à obtenir leur petit succès, tels que la mort ou les enfants en général - quant à la mort des enfants, je ne vous raconte pas, surtout avec les procès qui ne cessent de se succéder -, j'avoue qu'il m'est difficile de rester un humoriste à la petite semaine, surtout que je ne poste mes petits textes au mieux qu'une fois par mois.

Et puis, il y a la concurrence redoutable : le marché le plus compétitif ne serait-il pas celui de la connerie transcendante, celle qui vous ferait presque croire en Dieu si une opportune cirrhose de la foi n'entravait cette crédulité grâce aux accents salvateurs d'un alcool fort servi frappé ? Enfin, pour l'alcool, je rassure mes lecteurs, je n'appartiens pas aux alcooliques anonymes : d'abord, j'étais reconnu ; ensuite, je n'ai pas eu le mauvais goût de renoncer à l'un ou l'autre excès ponctuel, même si je ne me prends plus pour un batelier de la Volga sur les trottoirs d'Ixelles, expérience mystique due à une démarche plutôt chaloupée. Fi de ce cabotage éthylique, revenons à nos cabotins de l'opinion sur rue.

Lorsque je vois ce que j'entends, je me dis que je suis content de penser à tout autre chose : même si d'aventure je ne pensais à rien, le néant me semble préférable à ces leaders d'opinion qui en groupe, en cortège ou en procession se mettent à dévider leurs souverains poncifs. Les forums s'abreuvent des petites phrases, bien anodines, de tel ou tel auxquelles répondent les sentences bêtasses du quidam de service et ses généralisations intrusives autant qu'abusives. Et les préjugés, préformatés et vendus à la douzaine, de se répandre, un peu comme mon café lors des petits matins blêmes.

Non, je ne citerai pas de noms : il m'arrive de fréquenter les mêmes lieux communs et, si mon physique me prémunit d'un quelconque face à face, le nombre et le sérieux de ces prétentieux individus m'assureraient une défaite certaine. Devrais-je entamer, comme cet écrivain que j'aime encore, malgré l'outrecuidance dont il fit preuve en mourant bien avant ma naissance, un dictionnaire des idées reçues où Monsieur Untel verra un filtre alors que l'ami Gustave lui tendait un miroir ? Je ne m'en sens ni la force ni la volonté : et puis, j'ai peur d'échanger des idées avec certains et de me retrouver avec cette fichue peur du vide qui me lancine, tel le militant qui se rend compte qu'il ne peut plus, sans se casser la gueule, s'incliner sur le fil des acrobaties verbales de ses orateurs anciennement préférés qui, par leurs discours et leur prétendu bon sens, éradiquent leurs idéaux en s'en gargarisant.

Nous sommes entrés dans l'ère du verbeux pathologique : des monceaux de paroles nous guettent au coin de la rue. Les conversations ne sont plus sûres : entre les dénonciateurs du politiquement correct et les franchisés de la pensée eunuque, l'individu se retrouve toujours à devoir contester sans jamais affirmer. Pire encore, il croit qu'il pense, le naïf, parce qu'il n'est pas d'accord avec tout le monde : il ne lui reste plus qu'à trouver un accord avec lui-même, à se foutre du monde à tort et à travers, à déchirer le rideau de fumée des idées creuses et clinquantes par la seule arme de distraction massive qui lui reste : la dérision.


mardi, février 05, 2008

Les chants improbables

Je ne vais pas vous seriner les chants du retour à chaque fois que mes absences excèdent ce que la décence, normalement, devrait me permettre : la vie réelle est fréquemment prégnante.

Simplement, pour le lecteur occasionnel, qu'il soit bruxellois ou apparenté, même si nous savons tous que cette notion même ne cesse d'être litigieuse depuis qu'un certain coq de village a brigué, sans succès, le poste suprême de notre tout petit pays, pour le lecteur intéressé, disais-je donc avant de m'interrompre grossièrement selon une mauvaise habitude qui me fait me perdre dans les circonvolutions d'un monologue dont j'assume l'irresponsabilité, pour le lecteur avide de partager un univers graphique, soliloquais-je déjà plus haut, une exposition des dernières oeuvres de Remy Van den Abeele se tient à la Galerie Albert Premier, tout près de l'église de la Madeleine.

Je ne rappellerai pas les liens familiaux qui m'unissent à cet artiste : ce n'est sans doute pas la seule raison qui me fasse prendre la défense de cet artiste mésestimé par certains critiques idiots, ce qui relève sans doute du pléonasme. Certes, toutes les toiles ne se valent pas ; certaines, médiocres, sont d'ailleurs en trop bonne place dans cette exposition. Mais les rêveries improbables au gré d'un objet, d'un mannequin ou d'un dos entrevu excusent nombre de faiblesses.

J'éprouverai toujours plus d'indulgence pour celui qui se plante en créant : son audace dépassera toujours le verbiage infantile des commentateurs qui vous expliquent, ressources prétendument esthétiques à l'appui, qu'en fait ils apprécient ou pas ce que vous parvenez encore à ressentir. Mais le marché de l'art ne peut se construire sur des sentiments : il doit, comme toute activité économique, se fonder sur une rationalité factice, sur des semblants de professionnalisme.

J'avoue toujours éprouver des difficultés à expliquer la nuance entre l'art et l'opération mercatique : les mêmes techniques, les mêmes supports nous engagent sur d'autres chemins. Si certains préfèrent le formatage du calendrier des postes ou la prétention des installations nombrilistes, je les leur abandonne volontiers. Si j'aime parfois connaître les dessous techniques d'une oeuvre, c'est parce qu'elle m'a déjà touché intuitivement : les explications de procédure me semblent peu enclines à sauver du désastre ou de l'insignifiance ce qui ne relève que de l'opération de communication, au pire sens du terme.

Nous cherchons sans cesse des valeurs sans oser nous laisser aller aux rencontres de hasard : quand, lassés par les bruits incessants des médias, nous nous réfugions vers le patrimoine institutionnel, nous abandonnons nos émotions à d'autres maîtres et nous avouons notre incapacité à ressentir par nous-mêmes. Nous prétendons nous rassurer sur nos goûts par de pompeux discours ou le conformisme des modes : c'est chaque fois notre intimité qui se retrouve violée.

Nos espoirs, nos coups d'oeil, nos sensations ne peuvent s'exprimer qu'en liberté : allons nous admirer en train de regarder ce qui peut enfin nous émouvoir.