samedi, mars 07, 2015

Vendredi, c'est le jour du poisson !

J'adore les journées sans signification, les journées gratuites, les journées où il m'est loisible de rechercher en toute indépendance le souvenir d'un artiste ou d'un fait historique sans qu'une quelconque dame patronnesse, drapée dans sa vertu approximative, m'impose de cantonner ma réflexion à un seul sujet. 

Toutes ces journées gâchées... Il n'y a pas assez de jours dans une année à dédier à l'une ou l'autre espèce menacée mais les mécanismes publicitaires ont l'opportunisme de nous proposer des dates de communication pour nous permettre, en pleine conscience, de songer un jour à tout ce que nous nous empresserons d'oublier à longueur d'année. Parce que le sujet est souvent anodin ? Pas nécessairement ! Fréquemment, c'est simplement parce qu'il est corollaire des communautarismes, cette tendance du marketing médiatique appliquée à la politique. 

Revenons sur les communautarismes, ce système d'intégration qui a la prétention fallacieuse de traduire le multiculturalisme. La querelle n'est pas récente : des conflits de génération ont existé dans l'histoire des idées, simultanément à des conflits identitaires. Tous les empires coloniaux, y compris la très relative démocratie athénienne, ont dû tenter de résoudre le paradoxe de leurs principes de base et de leur diversité de fait. Même les systèmes dictatoriaux y ont échoué, en dépit de leur apparence cohérence qui s'avérait, de fait, relever de la connerie identitaire. Mais l'idéologie de marché est passée par là...

Nous cultivons souvent nos goûts par choix binaires : j'aime/je n'aime pas, formage/dessert, Israël/Palestine. Ce prétendu confort, nous le nourrissons grâce aux stéréotypes générés dans les médias de masse. Religions, idéologies, cinéma, presse, réseaux sociaux et blogs (oui, même ici) engendrent des reflets d'opinions qui relèvent davantage du café du commerce, dont j'ai souvent la nostalgie, que de la réflexion la plus embryonnaire. Nous répercutons ces idées prédigérées en les reproduisant ici ou là, enchaînant les éventuelles discussions à l'argument du tiers exclu, au "c'est mon choix" ou encore à des revendications fumeuses incluant alternativement le respect et la liberté...

Et pour nos moments de doute, la publicité nous vend ses réponses prémâchées en répandant ses socio-styles comme aucune idéologie n'avait encore véritablement réussi à le faire dans une démocratie : notre époque a créé le fanatisme mou... A tel point que nous reproduisons allègrement cette confusion exemplaire : si quelqu'un attaque un juif, un musulman, un handicapé, une femme, ce n'est pas en fonction de l'identité que nous nous devons de le défendre. Identifier sa victime est un réflexe paternaliste ou communautariste : c'est aussi le résumé des motivations de l'agresseur. Nous devrions au contraire, rappeler les principes au nom desquels nous sommes prêts à nous battre, des aspirations universelles parce que partagées, y compris dans des camps prétendument opposés. 

Tout discours communautariste est une entrave à notre réelle capacité d'empathie. Alors que l'on a pu voir des animaux porter secours tant à leurs semblables qu'à des représentants d'autres espèces, notre société tend à graver dans le marbre cette idéologie de la coupure, qui n'est jamais qu'une traduction allégée de la mentalité de l'agresseur : nous préparons ainsi notre pierre tombale. 

Voici donc ma suggestion : consacrons chaque jour à un plat cuisiné, à une fleur ou à un animal (chatons y compris) ! Puisque nous nous avérons fréquemment incapables de transformer nos idéaux en cauchemars, rêvons d'inutile : cela nous rappellera qui nous sommes.  


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